Les Lofoten, part 1 : Vesterålen


18h de train, 25 minutes de coucou à hélice, et 13 jours se sont écoulés depuis mon arrivée dans la région de Vesterålen — non, le rond au dessus du « a » n’est pas une tache sur l’écran —. Située à un kilomètre au Nord des fameuses îles Lofoten, celles où je me trouve n’en sont pas pour autant dénuées de charme, bien au contraire : de très proches cousines. Bienvenue sur Langøya, et plus spécialement le lieu-dit d’Haukenes, à ne pas confondre avec la ville éponyme située bien plus au Sud pour celles et ceux qui ont déjà ouvert Google Maps.

Kystkulturgarden

Mon quotidien de wwoofeur : travailler dans une ferme composée de 2 terrains distincts, distant d’une paire de kilomètres, pour une surface totale atteignant les 13 hectares. Pas mal de pente, de la forêt, des terres à la limite du marécage tant elles sont humides : la ferme ne ressemble en rien à un vaste champs de maïs bien carré et régulier de la Beauce ! On baigne ici dans l’agricole typique nord-norvégien des îles : cette courte zone arable existant parfois quand les montagnes ne se jettent pas directement à la mer. René Cortis, le propriétaire des lieux, vit avec sa femme Julia et leur fils de 6 mois dans une vieille ferme qu’il a déjà partiellement rénovée (merci à lui pour la photo ci-dessus). Ce couple d’origine allemande est arrivé dans la région il y de cela trois ans, pour un nouveau départ, une vie simple et plus saine que celle qu’ils pouvaient avoir en Allemagne centrale. Le but de René est avant tout, au travers de sa ferme, de couvrir la majeure partie de leurs besoins alimentaires, en respectant un maximum l’environnement. Ainsi, la plupart des travaux sont faits ici « à l’ancienne », avec le minimum de techniques polluantes et surtout le respect total de l’environnement. René étant fermier autodidacte, il s’entoure de nombreux voisins fermiers et de vieux livres pour découvrir tous les petits secrets de la vie en presque autonomie… Construire un abri pour des oies, faire du foin et le porter avec une corde, couper du bois et le mettre à sécher en faisant un tipi, choisir une race de canard incapable de voler pour les garder, faire un jardin à l’ancienne de style renaissance, retrouver les moutons… autant de travaux consommateurs de mon temps et énergie, mais ô combien formateur pour comprendre comment la vie à la ferme s’écoule ici depuis des centaines d’années.

Panorama sur Langoya

Vue panoramique depuis le sommet le Ol-hastinden, Langoya

Côté coutumes, la Norvège n’est pas en reste pour dépayser, spécialement dans cette zone rurale qu’est le nord. Ici, après le petit déjeuner, non pas deux mais un seul vrai repas par jour, copieusement servi en fin d’après midi, entre 17 et 18h. Et pas de dessert, et encore moins de fromage ou de vin, il va sans dire. Les sociétés sont calées sur ce rythme de vie et la plupart des gens travaille en journée continue. On se retrouve donc à l’heure de pointe sur les routes et les supérettes locales sur les coups de 16h. Et à la sortie du travail, rien ne sert de chercher la boulangerie pour son pain : ici chacun fait le sien. La forêt, jamais loin de la route, regorge de champignons, dont des bolets et des girolles : ceux-ci n’intéressent pourtant en rien la population locale ! Heureusement pour moi, René étant allemand, cet ingrédient accommode parfois nos repas.

Bolet

Le grand boudé des Norvégiens…

L’été est un mot ayant ici une couleur très différente de chez nous. Pas de short et t-shirt, pas de baignade à la plage, pas de crème solaire ou de parasol. Il ne s’agit plutôt que d’une trêve entre deux hivers, ces rares quelques semaines que chacun met à contribution pour profiter du pâle soleil, qui lui joue les prolongations ! La température ne dépasse que rarement les 20° dans la journée, et la météo est plutôt proche de celle de la Bretagne. Comme dit Frigide Barjot : les Lofoten, « c’est imper et une mer » !

Lofoten

Vue depuis la ferme de René Cortis sur les Lofoten… un jour où la pluie n’est pas loin

Ce pays, tout en longueur sur un axe Nord-Sud, est principalement développé au Sud, où l’on trouve Oslo (rappel si besoin pour ceux qui dormaient au fond de la classe pendant les cours de géo…).  Cela pose une difficulté majeure : l’approvisionnement en biens de tous types et l’acheminement des colis. Illustration pratique amusante : tout est si loin que Mac Donald se refuse d’ouvrir un fast-food ici. Les aliments n’auraient pas la fraîcheur requise par leur charte, ou alors à un coup prohibitif. Donc ici, on mange sain ! En bon fermier et rénovateur d’habitat, René a néanmoins dû acheter l’équivalent de la moitié de Monsieur Bricolage, en outils et matériaux. Le tout livré, comme tout le reste, par bateau. Le coût du transport est simple à calculer lors de l’achat : il est sensiblement égal au prix du panier ! Autant dire que ça calme sévèrement les ardeurs d’achats compulsifs, sur internet évidemment, aucune grande zone commerciale ici ! La ville la plus proche, Stokmarknes, fait la taille d’une petite station de ski, et ne comporte guère plus que trois rues vaguement commerçantes.

Hurtigruten

Sur le ponton d’un bateau de l’Hurtigruten, des kayaks en livraison

Initialement dédié au transport des marchandises sus-citées, le bateau faisant la liaison entre le Sud et quelques villes portuaires du Nord est aujourd’hui avant tout touristique. Une cargaison bien  plus rentable, navigant à bord d’un vieux navire ou d’un modèle luxueux et récent, selon les rotations. J’ai donc moi aussi joué à «la croisière s’amuse» le temps d’une journée, pour suivre les côtes des Lofoten et voir le célèbre fjord des Trolls…

Trollenfjord

L’un des plus fameux fjords de Norvège : le fjord des trolls

Le plus impressionnant lors du passage dans ce fjord, c’est avant tout la largeur de celui-ci : moins de 70 mètres entre les falaises. Le bateau effectue pourtant sa manœuvre de demi-tour avec dextérité dans la zone la plus large, pendant que les passagers s’agglutinent sur les ponts. Les paysages s’enchaînent, dévoilant des côtes sublimes à la tombée du jour. Le voyage s’arrête pour moi au premier port : Svolvær. Les quelques heures dans cette petite ville de pêcheurs et de touristes me laisse le temps d’un petit repas dans l’un des rares restaurants ouverts, ainsi que de visiter un musée de sculptures sur glace, Magic Ice. Par -15° à l’intérieur, l’épaisse fourrure du poncho fourni à l’entrée n’est pas un luxe.

Le retour à la ferme laisse derrière moi un magnifique coucher de soleil, et la sensation que les Lofoten regorgent encore de merveilles au delà de cette première ville à laquelle je dois faire demi-tour… Encore quelques semaines pour continuer à explorer ce chapelet d’îles.

Pour plus de photos sur les Lofoten et le voyage en bateau, c’est ici. Cet article vous a plu ? Soyez sympa : partagez-le 🙂

Coucher de soleil

Coucher de soleil sur les Lofoten et le port de Svolvær

6 réflexions sur “Les Lofoten, part 1 : Vesterålen

  1. Hello,
    Je trouve cela bien écrit, et je suis d’accord avec le commentaire précédent : je pense même que ça ferait un chouette bouquin avec un titre du genre « Mon voyage ».
    Photos et textes me font rêver, je souhaite encore de belle découvertes.
    Alex.

    • Merci Alex ! Pour le bouquin je ne dirai rien pour l’instant mais j’ai ma petite idée déjà, et ca sera encore mieux ! Enfin, dans mes rêves c’est mieux ^^

  2. Pingback: Au pays des Kiwis | Au bout…

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